Les regrets sont compatibles avec le bonheur
Lyubomirsky dit qu’il y a des rêves dont on se débarrasse en grandissant, comme le souhait d’enfance d’être astronaute ou princesse*. Et puis il y a des rêves auxquels on est obligé de renoncer – le rêve de devenir associé de son entreprise, le rêve de poursuivre professionnellement son amour de la peinture, le rêve de se marier ou d’avoir un enfant. Ces seconds types de rêves non réalisés se transforment souvent en regrets. Et les regrets nous empêchent d’être vraiment heureux. Mais ce n’est pas nécessaire. Les regrets sont pourtant compatibles avec le bonheur.
En fait, faire face à nos regrets est un élément essentiel pour vivre une vie heureuse. Il est sain d’être contrarié par la vie, car grâce à cela on peut apprécier son côté lumineux.
Imaginez deux athlètes universitaires, appelons-les Antoinette et François, qui rêvent tous deux de devenir des stars olympiques. Ce ne sont pas non plus des rêves vides. Les athlètes sont incroyablement talentueux, et ils ont la chance de passer un essai pour l’équipe olympique. Mais ils le manquent tous les deux de justesse et sont tous les deux amèrement déçus.
Au cours de la décennie suivante, les deux athlètes continuent à poursuivre leur rêve. Finalement, l’âge et les blessures les obligent à abandonner.
Antoinette prend du temps pour accepter le choc. Puis, elle recalibre sa vie. Elle trouve un emploi de neuf à cinq et s’entraîne aux sports le week-end. Elle participe toujours à une compétition dans une ligue locale. Elle est fière de ses exploits sportifs. Elle est heureuse.
Pendant ce temps, François déteste qu’on lui rappelle son passé d’athlète. Il a jeté tous ses vieux trophées et ne participe plus jamais à l’athlétisme. Il est malheureux.
Antoinette a fait face à ses regrets et a fait le deuil de son possible moi olympique perdu. En examinant ses regrets, elle s’est demandée ce qu’elle pouvait en tirer. Ce qu’elle a retenu ? Elle a une affinité pour le sport. Elle a donc organisé sa vie pour servir cette inclination.
Lorsque nous avons l’impression de contribuer au monde, nous acquérons un profond sentiment de sens et de but – c’est la spiritualité.
François s’est détourné de ses regrets. Il pensait que le fait de s’y attarder le rendrait malheureux. Mais son refus de reconnaître ses regrets passés a aigri son présent. Il l’a coupé de ce qui était autrefois une source de joie.
Nos regrets peuvent être nos professeurs. Ils peuvent révéler le genre de vie que nous voulons et les choses qui sont importantes pour nous. Plus douloureusement, ils peuvent nous montrer où nous avons fait des erreurs dans la vie. Admettre ces erreurs nous empêche de les répéter.
*Sonja Lyubomirsky “The How of Happiness and The Myths of Happiness”