Comment négocier ton salaire ?

Si vous ne pouvez pas ou n’avez rien à négocier, ce n’est pas la peine de perdre du temps à négocier. Les négociations n’ont de sens que si les deux parties veulent négocier et ont le droit (sont légitimes) de le faire.

Si un employé pense qu’il mérite une augmentation de 700 euros et pas un centime de moins, et en même temps, il n’y aura pas d’augmentation de salaire l’année prochaine dans l’entreprise, alors les négociations n’ont pas de sens.

La négociation salariale est une rencontre entre deux parties. 

Chaque camp offre certaines valeurs, mais attend aussi quelque chose en retour. L’employé s’attend à un salaire équitable, l’employeur attend un travail fiable et solide. L’objectif d’une transaction est d’accomplir le travail de la meilleure façon possible pour pouvoir recevoir la récompense prédéfinie. 

La fixation des salaires n’est qu’un moyen à cette fin. Une négociation salariale mûre permet d’établir une relation mutuelle entre l’employé et l’employeur. Cela leur donne de la satisfaction, et surtout, leur permet d’accomplir leurs tâches professionnelles de la manière la plus efficace possible. L’employé se sent récompensé équitablement, et l’employeur sent qu’il paie un taux équitable pour un bon travail.

Les vraies négociations donnent satisfaction aux deux parties, permettant à chacune d’entre elles de gagner.

Comment les deux parties peuvent-elles gagner ? 

Après tout, vous pouvez dire que leurs intérêts sont contradictoires. L’employeur veut payer le moins possible, et l’employé veut gagner le plus possible.

Et nous arrivons au cœur du problème : les intérêts de l’employeur et de l’employé ne sont pas contradictoires. Tous les deux veulent gagner de l’argent, mais ils ne peuvent y parvenir qu’en travaillant ensemble. Les bénéfices les plus élevés pour l’employeur est d’obtenir les profits les plus élevés non pas lorsqu’il paie peu pour le travail effectué, mais lorsque ce travail est fait aussi bien que possible. Un employé récompensé de manière optimale, en revanche, gagnera non seulement un salaire satisfaisant, mais aussi la stabilité de l’emploi.

Cela vaut-il toujours la peine de négocier le salaire ?

Oui, cela en vaut la peine. Chacun d’entre vous est un individu, une personnalité unique. Chacun possède des connaissances et des compétences différentes. Il est donc impossible d’élaborer des conseils universels qui fonctionnent dans tous les cas de figure des négociations salariales.

Voici quelques points pour vous préparer bien à une négociation salariale : 

1 – Faites l’étude de marché.

Avant d’entamer les négociations, fixez votre objectif que vous définissez grâce à l’étude du marché. La recherche montre que l’objectif financier devrait être ambitieux, mais en même temps réaliste. Les personnes qui entament des négociations avec des objectifs prédéfinis, obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui partent du principe qu’il suffit d’arriver les mains dans les poches. Un point d ‘attention : l’objectif ne doit pas être un montant spécifique de salaire, mais une fourchette.

Fixez une fourchette avec un minimum que vous êtes prêt à accepter. Cela sera votre zone gagnante.

Si vous atteignez un salaire dans cette fourchette – vous avez atteint le succès.

Pour déterminer les montants minimum et maximum, il faut s’appuyer sur des connaissances fiables, écouter l’opinion des experts, lire les études publiées dans les journaux d’industrie. Une bonne source d’opinions sont les avis des personnes travaillant dans le même secteur. Prendre en compte les données sur les salaires fournies par les organismes publiques et du domaine d’éducation. En plus vous pouvez toujours tenir compte des données sur les salaires fournies par les cabinets de conseil et les offices statistiques. Découvrez quel est le revenu médian pour votre profession. Déterminez si la région où vous avez l’intention de travailler est propice aux gens qui ont les compétences similaires à vous ou des salaires inférieurs dans la profession que vous souhaitez exercer. Découvrez comment les cours et les formations que vous avez suivies ont une incidence sur votre salaire.

2 – Apprenez à connaître l’autre côté.

Apprenez-en le plus possible sur l’autre partie : quelles sont ses attentes, quelles sont ses valeurs et enjeux ? Qu’est-ce qu’ils détestent ? Cela vous aidera à choisir les bons arguments au cours de la conversation sur le salaire. Il ne suffit pas que vous sachiez ce que vous voulez, il est important que vous sachiez ce que l’autre partie souhaite. En sachant ce que veut l’autre partie, vous pouvez négocier plus efficacement. Vous savez ce que vous pouvez vous permettre et ce qui satisfera l’autre partie.

3 – Sortez l’as de votre manche.

Les négociations salariales ne sont pas un moment de modestie, vous devez faire valoir vos atouts ici. Écrivez vos réalisations. Montrez à votre employeur combien il a gagné grâce à vous, faites une liste de clients satisfaits, montrez le chiffre d’affaires que vous avez apporté, faites une liste des projets que vous avez réalisés. Justifiez à votre chef, combien il risque de perdre si vous quittez l’organisation.

Souvenez-vous que les idées, les compétences douces, le savoir-être, la personnalité, bien qu’ils ne puissent être directement calculés ni monétisés, peuvent être un atout précieux pour l’entreprise. Et donc, une recommandation pour vous : listez les soft skills qui permettent d’argumenter et d’attester de l’obtention d’un bénéfice non monétaire en retour. 

4 –  L’offre non monétaire.

Une augmentation peut signifier également de recevoir autre chose que de l’argent, comme une gratification pour vos activités. Vous pouvez obtenir un bien “en nature”. Ce sont les vrais bénéfices directs, car l’argent gagné n’est

pas le seul moyen de rémunérer quelqu’un. Les entreprises ont une gamme de produits et de solutions à appliquer. En commençant par la voiture de fonction, par l’assurance médicale, la participation aux vacances ou une carte d’adhésion au club de sport. Ils existent aussi les primes qui sont variables et dépendent directement de la performance et des KPIs mesurables.

Il est bon de présenter au moins deux propositions sur la manière d’être payé.

L’option qui vous satisfait le plus ne sera pas toujours possible à mettre en œuvre, mais vous pourrez être en mesure d’accepter une autre proposition tout aussi satisfaisante. Donc, vous pouvez proposer un montant de 300 euros. Ainsi, votre employeur peut proposer une augmentation de 300 euros ou des soins médicaux et un abonnement à la salle de sport. Si la personne avec qui vous négociez a le choix, elle ne se sentira pas obligée de prendre une décision particulière. En montrant plusieurs possibilités, il sera plus facile de prendre une décision.

5 – L’ancrage vient de vous.

Les études prouvent que le premier montant compte (pour autant qu’il soit réaliste). Autrement dit, c’est à vous de faire un ancrage en premier si vous voulez avoir la chance de gagner plus.

Les chercheurs qui étudient les processus de négociation suggèrent que chaque euro de plus dans le montant initial fait environ 15 centimes de plus sur l’accord final accepté. Plus le montant initial est élevé, plus le contrat est élevé.

Bien entendu, ce montant doit être raisonnable et réaliste. Il convient d’être conscient de la tendance à l’ancrage. Si le premier montant qui s’affiche n’est pas réaliste, prêtez-y attention et déposez une deuxième « ancre ». Par exemple, vous pourriez dire : « Je sais que nous, les humains, avons tendance à nous attacher à la valeur qui vient en premier, mais dans ce cas, le montant que vous avez proposé est très éloigné des réalités du marché, alors peut-être… ».

Et une fois encore, rappelez-vous : réfléchissez bien au premier montant que vous proposez.

6 – Le silence est d’or.

Écoutez ce que dit l’autre partie. Oui, c’est une affirmation triviale, mais je suis sûr que vous vous rattrapez à ne pas écouter. Au moment d’entamer une négociation, tout le monde a certaines hypothèses. Souvent nous les répétons dans notre esprit sans écouter l’autre partie parler de ses arguments. Il arrive également que pendant que l’autre parle, nous préparions déjà dans nos têtes la riposte, à la place de laisser l’autre partie finir son discours. Nous perdons la chance de décrypter les messages cachés et les vraies intentions qui sont derrière les mots et entre les lignes, si nous n’écoutons pas jusqu’au bout. Si nous pensons en parallèle à notre propre production qui doit avoir lieu ensuite, nous ne sommes plus “ici et maintenant”. Nous sommes à l’avenir. De cette façon, nous avons perdu la possibilité de recevoir les informations secrètes de l’autre partie et notre levier de négociation se baisse. 

7 – Le temps de respecter le règlement de votre employeur.

Vérifiez si l’autre partie a respecté les accords précédents, reportez-vous à l’accord que vous avez fait il y a un an ou au moment de l’embauche. Présentez les indicateurs objectifs – le nombre de contacts avec les clients que vous avez faits, le montant des recettes obtenues, le nombre de personnes qui ont reçu une formation de votre part, les éloges ou réprimandes que vous avez reçus. N’oubliez pas non plus les bénéfices indirects que vous avez apportés à la société, car l’argent gagné n’est pas la seule chose qui compte. Les idées et les connaissances, bien qu’elles ne puissent pas être directement monétisées, peuvent être un atout précieux pour l’entreprise.

8 – N’ayez pas peur de dire « non ».

Un mauvais accord est pire que l’absence d’accord – il est bon de s’en souvenir.

Si vous n’arrivez pas à trouver un accord qui satisfait les deux parties prenantes, il y a un grand risque que vous reveniez à la négociation, ou même pire, la relation entre vous sera cassée.

Pour pouvoir s’opposer plus facilement, pour avoir le courage de dire “non”, à la place de se focaliser sur la personne conflictuelle, faites l’effort de vous concentrer sur le sujet / la problématique de l’échange. La personne à qui vous parlez n’est pas généralement la raison pour laquelle vous négociez. Vous négociez pour résoudre un problème qui est important pour vous ; le montant de la rémunération. Alors concentrez-vous sur ce problème, pas la personne avec qui vous négociez.

9 – Laissez-le gagner.

Voulez-vous gagner à tout prix ? Traitez-vous une négociation comme une compétition sportive ?

Trouvez-vous une négociation comme gagnante uniquement si vous avez pu presque humilier votre adversaire ? Si c’est le cas, vous avez déjà perdu au départ. L’art de la négociation consiste à ne pas priver l’autre partie de tous ses privilèges, bien au contraire ! L’autre partie devrait se lever de table satisfaite. Le sentiment de victoire se traduira à l’avenir dans une relation positive avec le négociateur, ce qui est une valeur inestimable. (Cela) c’est donc un vrai art. 

Avez-vous supposé que les négociations se terminaient en une seule réunion ? 

Soyez patient. Négocier ce que vous voulez peut prendre plus de temps que prévu. Détendez-vous, les négociations salariales prennent du temps. C’est une norme.

10 – La pratique rend parfait.

L’art de la négociation vaut la peine d’être pratiqué. Avant une réunion de négociation, il est utile de faire une courte visualisation ou même un jeu de rôles. Asseyez-vous dans un endroit calme et imaginez comment la négociation peut se dérouler. Pensez aux arguments qui seront utilisés, à la façon dont l’autre partie y réagira. 

Pensez aussi aux arguments qui seront donnés, à la façon dont l’autre partie y réagit, pensez à votre réaction. Esquissez dans votre esprit le scénario le plus pessimiste. La version la plus grave du déroulement des négociations pourrait vous aider à gérer le stress pendant le déroulement des discussions. Réfléchissez aussi à la version optimiste pour savoir comment  montrer votre accord et votre acceptation. Imaginez ce que vous ressentirez lorsque vous réussirez.

En espérant que ces 10 messages clés vous ont aidé à préparer votre stratégie de négociation, je vous souhaite bon courage et réussite ! Souvenez-vous que :

“Les employeurs malins reconnaissent que les employés sont plus performants et travaillent mieux dans le domaine qui leur plaît.” Alors peut-être que ce n’est pas nécessairement la question d’argent qui compte le plus, mais est-ce que vous voulez exercer ce métier… ? 

Pour vous permettre d’approfondir cette réflexion – je vous invite à lire l’article Ikigai.

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